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Libération
TRIBUNE

L'irrésistible ascension de la taxe Tobin

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publié le 11 juillet 2000 à 2h59

Comment une idée un peu farfelue a-t-elle pu, en l'espace de deux ans, devenir le cheval de bataille de millions de gens et la référence obligée de la gauche de la gauche, et bientôt semble-t-il, de la gauche tout court?

Au début était un économiste américain, ultérieurement Nobélisé pour ses travaux théoriques sur le rôle des marchés financiers, James Tobin. Reprenant une idée de Keynes, qui se plaignait que les marchés financiers ressemblent parfois plus aux jeux de hasard des casinos qu'à une confrontation de professionnels chargés d'utiliser au mieux des sommes énormes, Tobin avait proposé de taxer ces transactions. Son raisonnement était simple: les marchés financiers, en particulier les marchés des changes, sont sujets à des mouvements moutonniers, s'emballant un jour, s'effondrant un autre. Or ces marchés jouent un rôle fondamental: ils financent une grande part des besoins des entreprises. De leur capacité à bien diriger l'épargne vers les utilisations les plus prometteuses dépend la croissance économique. Pour remplir cette fonction, les marchés doivent porter un jugement sur la santé de telle ou telle entreprise en particulier, et sur la situation économique en général. Cela suppose un pari sur l'avenir, avec des enjeux qui représentent des milliards de francs. L'avenir étant, par définition, incertain, les marchés sont toujours anxieux et soumis à des phases d'optimisme ou de pessimisme qui se révèlent souvent exagérés.

Mais une envolée boursière, ou un effondrement