Irrité par l'insistant questionnement des plumitifs, Jacques Chirac leur cloua le bec, un jour, en citant une maxime de sa grand-mère: "A sotte question, point de réponse." Sage philosophie. Quand une interrogation manque de sens clair, il n'est pas inconvenant de refuser de s'y soumettre. Le référendum du 24 septembre confronte le citoyen déniaisé à cette sorte de dilemme. La thèse est certes paradoxale. A première vue, la question posée au peuple à l'automne est d'une simplicité biblique: voulez-vous réduire de sept à cinq ans la durée du mandat présidentiel? Le quinquennat ressort d'une évidence démocratique qui lui assure une enviable et régulière popularité, celle-ci provoquant par ricochet un très large consensus dans la classe politique.
Mais si l'affaire est à ce point simple et entendue, pourquoi diable convoquer tous les Français aux urnes au lieu d'utiliser la procédure rapide et économe du Congrès? Parce qu'il s'agit du président de la République, lui-même élu au suffrage universel, répond Chirac. Est-ce à dire que le quinquennat modifie "l'équilibre de nos institutions"? Nullement, s'empresse d'affirmer le chef de l'Etat. La contradiction du propos est flagrante. Soit cette réforme change les règles du jeu institutionnel, et elle mérite effectivement d'obtenir l'assentiment populaire. Soit elle ne constitue qu'un aménagement technique et nos parlementaires auraient très bien pu la mener à bien.
Les constitutionnalistes se disputent âprement sur les conséquences du