Le 29 mars 2000, UGC lançait une bombe marketing qui a secoué le cinéma français: la fameuse carte de fidélité à 98 F par mois qui autorise une fréquentation illimitée dans ces salles. Objet d'une polémique légitime, cette initiative est aujourd'hui suspendue dans l'attente de l'avis du conseil de la Concurrence saisi par la ministre de la Culture. Réalisant une incroyable intégration verticale du secteur, la machine UGC-Canal-Vivendi a désormais une véritable position dominante sur le cinéma français, qu'elle contrôle de la production à l'exploitation. C'est cette réalité qui a accouché logiquement du projet controversé de véritable Carte orange du cinéma.
Exploitants indépendants de salles d'art et d'essai, nous avons joint notre voix à celle d'une profession révoltée par l'agression commerciale que représente ce projet qui consiste à vendre à perte des entrées de cinéma, sous couvert de combler le consommateur et d'en multiplier le nombre comme l'affirme habilement Guy Verrecchia, président d'UGC.
Or ce que peut supporter économiquement la machine UGC dans une logique de parts de marché à conquérir, est inenvisageable pour un indépendant qui, au mieux, survit grâce aux subventions du CNC. Paradoxe pervers qui transforme l'art et essai en secteur de luxe dans la mesure où il ne peut baisser ses tarifs, alors qu'UGC joue la carte démocratique et populaire des soldes permanentes.
Est-ce le problème classique de la distribution qui voit le triomphe des grandes surfaces et la mor