En ce début d'été pluvieux, radios, petits écrans et journaux de tous bords sont en train de mettre en scène à la clinique de la Martinière, une affaire criminelle à partir de la seule déclaration d'anciens salariés. Nous voilà propulsés dans une horreur collective purement virtuelle et fantasmée que personne ne peut qualifier de fait réel tant qu'aucun indice n'a été encore trouvé pour confirmer les accusations portées.
Il apparaît que parmi les différents points de départ de la publicité illégitime faite à cette affaire, c'est encore une plainte pour harcèlement moral. S'il y a un scandale dans cette affaire, c'est précisément d'en parler maintenant - alors que rien n'est encore établi - de nous donner à entendre les fantasmes morbides de certains, avec les conséquences prévisibles d'une telle initiative: fermeture provisoire de la clinique, destruction du travail collectif, déstabilisation d'un personnel qui portera les stigmates de cette affaire quelle qu'en soit l'issue, angoisse des patients qui en quarante-huit heures seront emmenés dans d'autres lieux de soins. Obligés de faire brutalement le deuil d'une relation de confiance avec leur médecin et avec le personnel soignant, ils devront se fondre dans un autre univers médical avec ses habitudes, et ses histoires aussi; malgré leur grand âge, ils devront avoir la force de reconstruire ailleurs une relation de confiance vitale. Le risque de basculement des vies de certains n'est pas loin.
La vraie violence est celle-là et