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Libération

La société politique à deux vitesses

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publié le 14 juillet 2000 à 2h15

La saison politique qui s'achève a été marquée par la consécration d'un cas de figure inédit en France depuis l'instauration de la République: la société politique à deux vitesses. Le découplage entre citoyens actifs et citoyens passifs, entre électeurs et abstentionnistes n'a en effet jamais été aussi patent. On savait déjà qu'une moitié des Français s'intéresse plus ou moins aux affaires publiques, alors qu'une autre moitié s'en détourne. Jusqu'à une période récente, cela se traduisait par une différenciation entre citoyens constants et citoyens épisodiques. Désormais, le clivage apparaît plus abrupt et plus stable: le territoire de l'indifférence, de la marginalisation, de l'aliénation politique s'est étendu et se structure; celui de l'engagement, de la participation, du contrôle se réduit. Les signes se multiplient. La participation aux élections partielles hebdomadaires atteint des minima historiques, avec communément deux tiers de déserteurs dans la bataille civique. Les intentions de vote au référendum sur le quinquennat, idée pourtant populaire, se situent actuellement au-dessous de 50 % de mobilisation; nombre de maires s'inquiètent de la baisse des inscriptions sur les listes électorales, degré le plus modeste de la participation politique. On peut toujours avancer des hypothèses rassurantes, comme celle selon laquelle l'absence totale de dramatisation autour du référendum du 24 septembre expliquerait la grève annoncée des électeurs. C'est se rassurer à bon compte.