Pour la première fois depuis 50 ans, la perspective de l'émergence d'un pilier européen de la défense devient une perspective raisonnable et non une chimère. Pour les Européens comme pour les Américains, cela soulève un formidable défi : réinventer un nouveau partenariat. Dans la mesure où les premiers sont habitués à dépendre des seconds, ils ont (et plus encore les Français), une hésitation entre la provocation et la soumission. Quant aux Américains, ils ne sont pas, pour leur part, habitués à une stratégie ou une diplomatie avec des égaux. Au cours de leur histoire, et à part la période des deux guerres mondiales, leurs interlocuteurs ont été tour à tour les tribus indiennes, les Mexicains, l'Empire espagnol déclinant, et ce n'est que dans la brève période historique des années 60 jusqu'à la fin des années 70 qu'ils ont eu un partenaire-adversaire à leur mesure avec l'Union soviétique. Aujourd'hui, il faut que les Américains acceptent le rééquilibrage avec leur partenaire européen qui est dans leur intérêt mutuel.
On a depuis longtemps fait du «couple franco-allemand» un modèle de réunification entre ennemis héréditaires. A ce modèle on peut désormais ajouter l'autre à celui d'un rééquilibrage réussi des rapports de puissance entre pays amis. C'est en effet ce qu'ont réussi à faire la France et l'Allemagne depuis le début des années 90.
Auparavant, il existait entre la France et l'Allemagne une sorte de déséquilibre dans les déséquilibres.
Schématiquement les premiers avaien