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Libération

Repeigner le paupérisme

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publié le 14 juillet 2000 à 2h15

Sympa, Tony Blair... Vraiment sympa, le Premier ministre britannique. Au million de chômeurs «en situation difficile» recensés par les services du royaume (où il semble qu'on puisse être à la fois au chômedu et en situation «facile») seront donc offerts «une coupe de cheveux ou (sic) des vêtements». Le marché des coupeurs de cheveux se verrait ainsi offrir un marché subventionné et estimé à un demi-milliard de francs lourds, à partager avec les tailleurs locaux (on doute qu'ils s'y enrichiront), en attendant que les arracheurs de dents en réclament leur part, certainement tout aussi légitime. Car quoi? S'il ne s'agit que de donner un peu de dignité à la misère, il est peut-être d'autres priorités. Celle de la santé publique, par exemple ­ encore convalescente, outre-Manche, du thatchérisme ­, et qui ne constitue pas l'objet essentiel d'un cabinet Blair surtout préoccupé de rendre ses chômeurs présentables (comme, dans les asiles, on rend présentables les aliénés).

Et c'est en ceci que l'annonce de ce brutal accès de charité mal ordonnée laisse perplexe et plus que sceptique, en ce qu'il jette sur ses promoteurs le soupçon d'être inspirés par des considérations moins humanitaires que très pragmatiques. C'est mieux que rien, une veste et un coup de peigne? Je fais mon bégueule, là? Peut-être... N'empêche que le taux de chômage britannique n'a, depuis vingt ans, jamais été aussi bas. Mesuré à 3,8 % de la population active, il contraint les «acteurs économiques» à faire flèche ­