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Libération

On n'a jamais vu un 14 Juillet raté

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par Claire GALLOIS
publié le 15 juillet 2000 à 2h18

Samedi

Désolé, les nuls

Et combien je vais encore en prendre dans les bras, à peine au saut du lit? Je ne dois pas me plaindre parce que la boîte déborde, mais je fais partie des gens assaillis en avant-première par la rentrée littéraire de septembre. Un luxe. Un privilège. Une astreinte. Le préposé est supposé desservir dans la même rue quatre professionnels de la lecture, Benoîte Groult, Paul Guimard, Patrick Besson et moi, et déverser sa besace au plus vite le matin. Benoîte et Paul ont une gardienne, Patrick B., mon voisin, est au mieux avec le boucher qui lui garde ses paquets ­ moi, je ne mange plus de sa viande depuis que je le soupçonne de frôler l'extrême droite. Certaines personnes volent les livres qui traînent, je trouve cela formidable, enfin des lecteurs sûrs. Sur la moquette, on atteint déjà le mètre cube. Nous faisons tous pareil: la pile des auteurs aimés depuis longtemps. Celle des nouveaux dont on flaire en dix pages un vrai talent à découvrir. Et puis le groupe des nuls, désolée, les nuls, vous avez travaillé aussi dur que les meilleurs. A quoi reconnaît-on un nul, demandera le profane, indigné qu'on se montre si tranchant? Démonstration sur échantillon prélevé au hasard:

«­ Eh! lança Annabelle en saisissant le combiné.

­ Calme-toi, ma mignonne, c'est Vic.

­ Ouh! Tu nous as fait peur!

­ Ecoute, je prévois un après-midi très rempli, mais nous pourrions nous retrouver chez moi en fin de soirée.

­ D'accord! A plus!»

Promis, ce n'est pas Virginie Despentes.

Dimanche

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