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Libération

Régulation et autorégulation

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publié le 15 juillet 2000 à 2h18

Les lois, codes et règlements ont été inventés pour éviter l'arbitraire. Cependant, leur prolifération en vient à rendre surréaliste le fameux «nul n'est censé ignorer la loi». Le corpus juridique est devenu inextricable même pour ses spécialistes. Plus grave, le gonflement des réglementations réintroduit l'arbitraire. L'automobiliste qui tombe ­ c'est rare ­ sur un agent peut tout craindre ou tout espérer selon l'humeur de celui-ci. Qu'il ait des problèmes conjugaux ou vive un lendemain difficile, et l'application tatillonne du code de la route peut mener loin ; par contre, si la mansuétude est son péché mignon, l'euphorie l'emporte. De toutes façons, le rappel de règles rigoureuses une fois sur mille ne peut avoir aucun effet, il confirme seulement l'impression de loterie. C'est pas de chance ! Et l'injustice criante n'entraîne pas la modification de comportement attendue. En fait, le législateur se protège de l'accusation de laxisme sans trop compter sur un résultat. Mais à jouer sur ce registre, une déresponsabilisation générale se produit, avec ses dérapages toujours plus risqués, tandis que l'encadrement placé devant une mission impossible perd tout crédit. Nous y sommes. Entre l'augmentation de la population, sa concentration et sa mobilité, il ne reste plus qu'une rude pente à remonter : rendre à chacun sa responsabilité, sa dignité, le choix de ses gestes, la conscience des risques qu'il prend et fait courir, l'acceptation aussi de ceux que la vie comporte inéluctab