Samedi
Festivals: parcours du combattant
Déjeuner dans la campagne d'Aix. On parle des festivals, naturellement. Avignon, où je n'ai encore pas vu Médée. Je sais. Je dois y aller, je vais y aller. Mais peut-être ai-je trop aimé Avignon, les soirées qui commençaient à six heures du soir et s'achevaient à quatre heures du matin. Plus vraiment le courage, peut-être. Des souvenirs d'alors, Antoine, Nada, Pierre: combien de morts parmi eux? Mais j'irai voir Médée, c'est juré. On parle aussi d'Aix, bien sûr. L'Affaire Makropoulos. Elisabeth Söderström, jadis à Londres. Et maintenant, Anja Silja. L'Isolde d'Anja Silja, il y a quarante ans: elle avait 20 ans, un peu plus. Tendre, vibrante, jeune pour l'éternité. Wieland Wagner est mort si tôt... Sur la scène de l'Archevêché, à Aix, Anja Silja est toujours immense. Pourtant, on parle peu d'elle, pendant ce déjeuner. On mange des petits farcis et une glace à la verveine. Retour à Goult. J'essaye depuis trois mois d'écrire une pièce. Les dialogues, les personnages: on dirait que tout me glisse, me file entre les doigts, comme du sable, des pages, des pages, et puis rien. Au journal de 20 heures, il se passe si peu de choses qu'on nous parle d'un fort coup de vent quelque part au Canada: huit morts tout de même. Ça, c'est de l'actualité. Puis, le Temps retrouvé, le film de Raoul Ruiz. Ce que les Anglais appellent du name dropping. On s'amuse à les reconnaître: tiens! C'est Odette! Et puis voilà Jupien! Et Morel (qui devient pianiste...)!