L'Etat et les administrations ne peuvent rester immobiles dans un monde en plein changement. Ce n'est pas que l'administration soit inerte. Elle bouge dans de nombreux domaines (informatique) et secteurs (défense, poste, etc.). Elle est donc capable de changer. Mais elle change trop lentement et à la marge. Du coup, elle est en danger: si l'Etat ne se réforme pas, il sera assailli et grignoté de toute part et ne pourra plus jouer son rôle, plus que jamais nécessaire mais qui doit se renouveler. A cet égard, le blocage en février de la réforme du ministère des Finances a une portée symbolique et pratique considérable que l'on aurait tort de sous-estimer: est-il désormais interdit aux ministres de réformer leur propre administration? Faut-il se résigner au gâchis et au découragement de fonctionnaires de qualité qui souhaitent ardemment changer et qui vont se trouver encore plus démotivés? L'image corporatiste, voire rétrograde, que l'administration a pu donner d'elle est-elle fondée? Il serait courageux et utile que chacun accepte d'évaluer comment et pourquoi cette réforme a échoué.
Tout d'abord, le gouvernement, les agents publics et les citoyens ont-ils vraiment la volonté de réformer l'administration et, s'ils l'ont, pourquoi veulent-ils la réformer? Il est évident que les défauts de méthode qui caractérisent notre action collective dissimulent une regrettable absence de volonté.
De quoi s'agit-il? De rebâtir le contrat social et moral implicite qui unit la fonction publique