Samedi

Blair Witch II,

le retour

Avant de descendre dans cette grande bâtisse du Sud-Ouest, je me suis payé un voyage éclair à Soho, le quartier des librairies londoniennes. De la qualité de ma récolte dépend la tonalité de l'été. A peine arrivé, je sniffe des livres pendant quatre ou cinq jours. La cuvée 2000 est bonne, et j'y ai découvert un livre culte, une sorte de Projet Blair Witch littéraire, House of Leaves, le premier roman de Mark Z. Danielewski, pour qui Bret Easton Ellis s'extasie en couverture, à juste titre, en parlant d'un croisement hybride entre Pynchon, Ballard et Stephen King. J'ajouterai Lovecraft, Borges, Brautigan et Lacan. C'est l'histoire d'un manuscrit retrouvé dans un meublé à la mort du locataire, un aveugle qui a passé les dernières années de sa vie à réunir une somme considérable de notes sur le fameux «Navidson Record», un vidéodocumentaire réalisé par le célèbre correspondant de guerre Will Navidson, consacré aux événements qui se déroulèrent dans la maison d'Ash Tree Lane où il emménagea en avril 1990. Simple chronique familiale au départ, le Navidson Record est devenu, au fur et à mesure que la maison dévoilait ses mystères et sa géométrie non euclidienne, un film culte, disséqué avec délices aussi bien par les passionnés de fantastique que par tout ce que la planète compte de spécialistes en art, en architecture, en médiologie et autres spécialités high-tech pour gloseurs fin de siècle. House of Leaves réussit ce tour de force d'être drôle, tou