Les négociations en vue d'une libération prochaine de Sonia Wendling et de Stéphane Loisy semblent enfin avancer. A présent, osons alors l'analyse: que nous enseigne précisément la prise d'otages de Jolo, à l'heure d'un «nouvel ordre mondial» qui oscille entre World Company et anarchie?
Première hypothèse, celle soutenue par Jean-Marc Balencie (1). De la même manière qu'en décembre 1996 le Mouvement révolutionnaire du Tupac Amaru «sortit des sous-bois de l'Histoire pour s'emparer [...] de la résidence de l'ambassadeur du Japon au Pérou», les pirates du groupe Abu Sayyaf viendraient «ébranler les certitudes, celles de la dérive des guérillas post-guerre froide dans le domaine criminel». Et c'est vrai, ce mouvement séparatiste islamiste du sud des Philippines réclama fin avril, dès les premiers jours de la prise d'otages, la libération notamment de Ramzi Youssef, cerveau de l'attentat contre le World Trade Centre, à New York, en 1993.
Pour autant, c'est oublier la nature profonde de ce groupe de Mindanao. «Abu Sayyaf, rappelait début mai un journal malaisien, est devenu moins le nom d'un groupe spécifique que le label utilisé par un certain nombre de sous-groupes aux liens lâches». Et le New Straits Times (Kuala Lumpur) de préciser: «En plus de l'important conflit entre l'Etat et les sécessionnistes, les habitants du sud des Philippines doivent se dresser contre les armées privées, qui ont à leur entière disposition les provinces rurales faiblement administrées. En ces temps