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Libération
TRIBUNE

«L'avenir, c'est maintenant»

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publié le 12 août 2000 à 3h23

Samedi

Cent mille «festayres» s'agitent autour de nous

Lever tardif. Tout s'est passé dans la nuit. D'abord la corrida, au crépuscule. Je venais d'arriver à Bayonne avec des amis, nous chantions «Amado mio, love me for ever...» en choeur dans la voiture. Directement aux arènes. Corrida de novilleros: trois garçons aux noms romanesques, Julien Lescarret, Abraham Barranga, Luis-Vital Procuna, beaux comme des enfants, forts comme des hommes, qui donnent tout parce qu'ils commencent, parce qu'ils doivent briller, parce qu'ils sont jeunes; et je songe, comme à chaque fois, que je n'aimerais pas être leur mère.

Audrey me souffle que voilà une occasion rare de pouvoir admirer des garçons aux reins bien pris, au sexe dessiné sous la culotte moulante. La lumière se fait rasante, l'air sent la pluie, le sable et le sang. Julien Lescarret, dix-sept ans et demi, affronte un toro danseur qui vire comme une toupie. L'ombre et la lumière, sol y sombra, sont dans le ciel, très agité: noirs cumulus d'orage, nuages roses de soir d'été, pans de ciel violet coupés de raies baroques, sous lesquelles Abraham fait une impressionnante entrée à genoux, pour un toro bravo qui deux fois ira seul à la pique. Au cinquième toro, le grain nous chasse vers les gradins du haut, la nuit tombe violemment, les paillettes de Luis-Vital Procuna ruissellent sous la pluie battante. Au sixième toro, averse calmée, nous descendons en grappe les gradins restés libres, et nous nous accoudons à la talanquère pour la premi