Fin juin, des médecins et des pharmaciens de Montpellier étaient mis en examen pour «facilitation d'usage de stupéfiants», pour avoir prescrit ou délivré du sulfate de morphine dans le cadre de traitements de substitution. Moins d'un mois plus tard, un juge d'instruction de Pontoise perquisitionne deux fois un centre spécialisé de soins aux toxicomanes (CSST) à Sarcelles. La liste des patients suivis dans le centre est saisie; les informations contenues dans leurs dossiers médicaux (notamment les résultats des examens urinaires portant trace de leurs consommations) sont passées en revue par le magistrat, qui entend exploiter ces informations dans le cadre d'une enquête sur un trafic de stupéfiants.
La «guerre à la drogue» domine toujours. On aurait presque pu croire que l'attitude des pouvoirs publics avait changé à l'égard des usagers de drogues. La nomination de Nicole Maestracci à la tête de la Mildt (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie), en juillet 1998, semblait confirmer une approche des drogues en termes de «réduction des risques», héritée de l'épidémie de sida.
Son programme prétendait créditer la thèse selon laquelle il serait possible d'améliorer l'accès aux soins des usagers de drogues sans modifier la loi de 1970, qui prohibe l'usage. En vérité, ces événements le prouvent: sur le terrain, il n'en est rien. La bonne volonté affichée par le gouvernement ne pèse rien face aux exigences policières et judiciaires. L'affaire du centre R