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Libération
TRIBUNE

La persistance de la fracture sociale

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par Christophe GUILHUY
publié le 16 août 2000 à 3h27

Peu avant la parenthèse estivale, un vif échange a opposé Jacques Chirac et Lionel Jospin sur le thème de la «fracture sociale». Le chef de l'Etat affirmait, contrairement au Premier ministre, que, malgré la croissance, la fracture ne se réduit pas. Au-delà de l'échange politique qui opposait deux futurs candidats à l'élection présidentielle, cet affrontement soulignait les différentes perceptions du phénomène. Accentuation des inégalités pour les uns, réduction pour les autres, l'interprétation du «processus fractal» est au coeur de ce débat.

A première vue, la baisse de 800 000 du nombre des chômeurs depuis trois ans confirme objectivement une tendance à la réduction de la fracture sociale. Si l'on ajoute à cette évolution une politique volontariste dans les banlieues visant à réduire les fractures socio-urbaines, on pourrait raisonnablement croire à une amélioration de la situation. Ce constat ne tient cependant pas compte du fait que la fracture sociale et plus généralement les fractures françaises (sociale, territoriale, démocratique) sont devenues des paramètres déterminants des transformations de la société et le moteur de la recomposition des classes moyennes et populaires. Cette dimension qui fait de la fracture sociale un processus évolutif et agissant semble, le plus souvent, occultée. En effet, les lignes des fractures françaises ne se sont pas fossilisées dans un paysage type, celui des quartiers difficiles des banlieues. De même, le creusement des inégalités ne