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Libération
TRIBUNE

Notre insécurité routière

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par Hervé LEON
publié le 29 août 2000 à 3h47

Quelles sont les responsabilités qui peuvent expliquer l'exception française en matière d'insécurité routière? Du côté de la technique, rien ne peut faire croire que nous soyons en reste par rapport à nos voisins européens: le recyclage accéléré du parc automobile, l'amélioration continue du réseau routier ainsi que l'imagination des constructeurs dans le développement de nouvelles techniques de sécurité contribuent à éliminer la défaillance du réseau et des véhicules comme vecteur de l'insécurité routière.

Cependant, cette logique d'anticipation des risques par le levier de la technique a trouvé ses limites. Si l'aménagement routier a produit ses effets pervers en nous incitant en toute sécurité (plus grande transparence du réseau, limitation des courbes) à augmenter la vitesse, l'offre d'équipements automobiles toujours plus sophistiqués (airbag, ABS...) continue de participer au message paradoxal qui associe tout à la fois puissance du véhicule et sécurisation du conducteur. Dans l'un et l'autre cas, la technique a atteint un seuil qui l'a fait basculer très concrètement dans la contre-productivité, en augmentant implicitement les facteurs de risques d'accident. Du côté des comportements, les discours s'accordent sur trois symptômes (vitesse, alcool et jeunes) qui forment le cocktail convenu des facteurs de risque sur la route. Outre le fait que la réunion de ces ingrédients tend à créer l'amalgame entre un public (les jeunes) et l'excès de certains comportements (alcoolis