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Libération

Un nouveau petit boulot

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publié le 29 août 2000 à 3h47

Certes, on ne saurait tout à fait parler de nouveauté; tout au plus d'une manie furieusement dans l'air d'un temps sécuritaire autant que catastrophique. Cette manie a nom «cellule d'aide psychologique», à laquelle nul habitant de nos riches contrées ne saurait échapper. Un bref recensement des joyeusetés estivales en témoigne: plus un seul accident grand ou petit sans qu'entrent bruyamment en scène des nuées de psychologues civils ou militaires, preneurs en charge de rescapés et familiers. (Sur les images, on les reconnaît, parmi les secouristes, qui tapotent la main du quidam en lui murmurant des paroles de réconfort.) La banalisation de telles structures, apparues ici, pour autant qu'on s'en souvienne, dans les années 80, à l'occasion de certaine vague d'attentats terroristes, cela s'appelle le progrès. Désormais, une forêt qui brûle, un otage qui se prend ou un convoi de fonds qui se braque, un autocar qui verse ou une barge qui chavire, un suicidaire qui passe à l'acte, une conduite de gaz qui explose, et c'est tout le village qui a droit à ses psys ­ au point qu'on soit bientôt fondé à craindre la pénurie.

Ce service démocratisé, souvent dramatiquement nécessaire, prend parfois des formes cocasses. Comme à Johannesburg, le mois dernier, où deux policiers, comparaissant pour avoir fait mordre un suspect par leurs chiens après lui avoir écrasé un mégot sur le crâne, furent quasi absous par le tribunal et la grâce d'un rapport de psychologues. (La dépêche, qui ne parle pas