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Libération
TRIBUNE

Assainir le foot

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par Bernard STASI
publié le 31 août 2000 à 3h52

Dans la société française d'aujourd'hui, le football, c'est beaucoup plus que le football. A la suite des victoires remportées par notre équipe nationale, le football a conquis, aussi bien dans l'image de notre pays à l'étranger que dans l'idée que se font nos concitoyens de la nation à laquelle ils appartiennent, une place que l'on ne pouvait pas imaginer, il y a quelques années.

Dans ce nouveau contexte, quelques supporters aigris qui insultent des joueurs d'origine africaine dénoncés comme responsables des mauvais résultats du club, c'est beaucoup plus qu'un simple fait divers. Aussi faut-il féliciter les dirigeants du Racing Club de Strasbourg d'avoir porté plainte.

En réalité, une telle péripétie est assez paradoxale. En juillet 1998, le triomphe d'une équipe française multicolore avait été considéré comme une défaite pour le Front national. On se souvient, d'ailleurs, que ce succès avait laissé sans voix le leader du Front national. Deux évidences s'étaient imposées à la majorité des Français: la société française est multiethnique; non seulement ce pluralisme n'est pas un handicap, mais il peut être un atout. Sans méconnaître l'importance du rôle joué par la bataille des chefs au sein du Front national, on ne peut nier que les victoires des Bleus ou plutôt, pour reprendre l'heureuse formule du président de la République, de l'équipe «bleue, black, beur», ont activement contribué à affaiblir l'emprise des thèses du Front national sur la société française. Les théories xé