Mauvaise limonade au Medef. Fin juillet, le gouvernement, faisant fi du chantage, met le frein à main sur le projet de réforme de l'Unedic. Un affront pour son promoteur Denis Kessler, vice-président du syndicat des patrons, qui est très colère. Comment répliquer? Il cherche, fouille, intensément. Et comme il lit tout ce qui sur lui s'écrit (c'est humain, de la part de ce grand humaniste), il trouve ça : le numéro spécial été de la revue de la Gauche socialiste, Démocratie et Socialisme, qui lui fait la bonté de tirer son portrait, en une et à 7 000 pauvres exemplaires, en le qualifiant d'«ennemi public no 1»; ce qui, soit dit en passant, vaut promotion: au Medef, Kessler n'est que no 2.
Il dépose son cigare, dégaine son portable et sonne son avocat. Deux semaines plus tard, la revue est assignée en justice pour délit d'injure publique envers le particulier Kessler, dont «dans les conditions éminemment conflictuelles» du «désaveu» gouvernemental «la personne est mise en danger» par un «appel à la violence à son encontre». Sans rire. Certes, le cliché incriminé ne présente pas l'intéressé sous un jour très avenant, mais
est-ce la faute de D et S si Kessler a la tête qu'il a et fait le métier qu'il fait? Aussi bien, cette photo est celle-là même qui illustra un autre portrait de lui, publié au début de l'été dans le Monde, et en lequel on apprit avec gourmandise que «DeeKay» (Deekay!) serait «selon ses proches, jovial et bon vivant», et qu'il «souffre beaucoup de l'épithète