La Corse ne doit pas cacher la France. Avec tout le respect dû à la cohérence de Jean-Pierre Chevènement, il est permis de douter que la question du devenir de l'île de Beauté soit fondatrice d'un «pôle républicain». Ce dossier embrouillé illustre à grand peine les vertus de la République. Celle-ci, chacun en convient, n'a guère brillé au fil des ans dans sa gestion du problème corse. Dans un passé récent, la politique de mise au pas républicaine, qui avait les faveurs de l'ancien ministre de l'Intérieur, a échoué. L'assassin du préfet Erignac court toujours et l'irresponsabilité de son successeur a gravement handicapé l'action de l'Etat. En remontant plus loin dans le temps, Michel Rocard n'a pas tort de rappeler les lourdes responsabilités de la République dans le sous-développement économique de la Corse.
La politique corse de Lionel Jospin n'est pas celle qui menace le plus les valeurs républicaines chères à Chevènement. Elle y porte certes quelques sérieux coups de canif. L'apprentissage quasi obligatoire de la langue corse est une mesure aussi ridicule que scandaleuse. Le dispositif juridique alambiqué destiné à légitimer la singularité insulaire, s'il ne mérite pas que l'on s'étrangle d'indignation, laisse pour le moins perplexe. Mais l'égalité de chaque citoyen devant la loi, dont on se gargarise beaucoup ces temps-ci, est autrement mise à mal par la «fracture territoriale» qui dessine de véritables ghettos urbains sur le continent. Les fameuses zones de non-droit ne