S'alertant des risques encourus par la mise en ligne des données des mormons sur les Français décédés, l'Etat a soulevé une vague sur laquelle il ne surfera pas longtemps. Non seulement la restriction en vigueur depuis quarante ans sur l'acquisition de copies des bobines par des personnes physiques est un leurre total, mais l'ouverture du site de l'Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours n'est qu'un pavé de plus dans la mare des indiscrétions sur nos aïeux (voir Libération du 22 août). Généalogiste depuis plus de vingt ans, utilisateur des sources publiques d'archives, gestionnaire d'un site Internet et, surtout, non-membre de l'Eglise, j'ai eu l'occasion d'être confronté de nombreuses fois à la question d'une déontologie généalogique. Les archives françaises ont été microfilmées dès le début des années 60, comme celles de nombreux pays européens, pour être conservées aux Etats-Unis, dans le sous-sol des montagnes rocheuses, à Salt Lake City. A l'époque, la généalogie n'était pas encore populaire en France, et seuls les membres de l'Eglise y trouvaient un intérêt. L'explosion de la chasse aux ancêtres vulgarisa l'usage des bobines de sauvegarde. En effet, les dépôts d'archives ne pouvaient plus suffire à accueillir les généalogistes amateurs, et les pages des registres se dégradaient au fil des consultations. Les Archives de France trouvèrent l'aubaine trop belle pour la laisser échapper: en échange de l'autorisation de microfilmer les documents anciens, elles a
Les morts n'ont plus de secrets
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par Pierre-Valéry ARCHASSA
publié le 5 septembre 2000 à 4h02
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