Claude Allègre voulait dès son arrivée au ministère de l'Education nationale «mettre l'école à la une des médias» ; il l'aura aussi mise en devanture des librairies. Après des années de rentrées avares en réflexions sur l'éducation, l'année 2000 confirme la tendance amorcée en 1999. Pas moins d'une quinzaine d'ouvrages dessinent un nouveau genre éditorial qui comporte déjà des sous- genres. Et notamment le «livre du prof de banlieue» incarné cette année par le Journal d'un prof de banlieue de Jean-François Mondot (première publication dans Libération) et le Petit Manuel de savoir-vivre à l'usage des enseignants de Boris Seguin et Frédéric Teillard.
Le premier décline sous forme de journal le quotidien d'un impétrant, frais émoulu des concours d'enseignement, dans un collège de banlieue. Hormis quelques concessions un peu forcées à la fausse naïveté du candide il fait semblant de découvrir une réalité décrite par les médias et par ses confrères , le livre de Jean-François Mondot montre bien le désarroi de ces milliers d'enseignants qui se retrouvent face à une classe tout en suivant leur formation professionnelle. Seul viatique d'avant-rentrée : «Ne souriez pas, surtout si vous êtes avec des sixièmes. Si vous souriez, vous allez être assassinés.» On apprend également la technique du balayage du regard : «Il faut regarder les élèves un par un très vite, cela permet d'anticiper la situation.» Mais très vite «la paranoïa s'installe», sans doute parce que «nous on a l'impressio