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Libération
TRIBUNE

Y a-t-il une politique de coopération?

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par Pascal Boniface et Jean-Luc DOMENACH
publié le 12 septembre 2000 à 4h15

La croissance économique mondiale retrouvée et la douce euphorie qui l'accompagne ne suffisent pas à masquer une vérité déplaisante: la fracture Nord-Sud demeure et s'est même approfondie. Les inégalités entre les économies changent de nature, elles tendent à se globaliser, s'articulant ainsi directement au mode de distribution du pouvoir dans le monde d'aujourd'hui. De là un regain, que l'on a pu constater lors de la réunion de l'OMC à Seattle, de la protestation contre la mondialisation assimilée à l'hégémonie américaine et le rôle de ses pseudopodes supposés que sont le FMI et la Banque mondiale, et, bien entendu, celui des entreprises multinationales.

Le paradoxe est pourtant que cette nouvelle donne ne suscite pas le débat nécessaire sur le développement. En conséquence, la tentation est grande, pour ceux qui se sentent concernés par le sort des plus démunis de la planète, d'osciller entre un pragmatisme sans horizon, un moralisme flou et la répétition d'une doxa qui fleure bon les années 70. Si l'on n'y prend garde, le risque est grand de se contenter de dénoncer avec fougue la mondialisation sans proposer d'autres solutions que les traditionnels «Y a qu'à, faut qu'on». Cela ne fait pas pour autant progresser la compréhension exacte des problèmes, afin d'avancer vers des ébauches de solutions.

La réflexion que nous proposons ici n'est pas le fait de spécialistes du développement. Internationalistes, nous voudrions surtout contribuer à la formation d'un débat démocratique