Dans une nouvelle, Alphonse Allais met en scène un jeune étudiant si timide que, se découvrant soudain l'objet de la curiosité d'une foule (une blague du narrateur), il se lève et se pend, «Pour se donner une contenance». Et moi, ému, je songeais à ça, quand fut annoncée l'imminente levée des sanctions décidées l'hiver dernier par l'Union européenne contre le gouvernement de Vienne. Je pensais à ça et à Jacques Chirac. Un personnage intéressant, Jacques Chirac. Un peu opportuniste de temps à autre, mais c'est peut-être le métier qui veut ça, et de temps à autre aussi, capable d'exprimer des convictions; respectable, même, lorsqu'il reconnaît la responsabilité de la République française dans Vichy, ou lorsqu'il rompt avec certaine complaisance mitterrandienne, de vieille tradition au Quai-d'Orsay, vis- à-vis de Belgrade en général et de Slobodan Milosevic en particulier. Là, sur l'Autriche, sur Haider, sur cette reculade annoncée, je suis curieux d'entendre le président de la République, appelé à justifier ès qualité ce qu'on reste fondé à regarder comme injustifiable, puisqu'il fut, en cette affaire, question de «principes» («toujours grands», dirait Flaubert).
Ce qui taraude, ici, ne relève pas tant de l'appréciation des arguments ou arguties susceptibles de faire lever les sanctions (en matière de conscience, chacun a sa petite ou grande idée). Ce qui dérange, c'est le trop grand écart entre l'exhibition d'une morale et le renoncement à la morale. S'il y a ce qui reste à é