Samedi
Isabel
C'était il y a quelques mois, il devait être sept heures du soir quand le téléphone a sonné : « Anna Gavalda ? Oui. Bonsoir, c'est ? (je ne me souviens plus) du Nouvel Observateur, voilà, on est à l'an 2000 et on s'apprête à célébrer la Journée de la femme. Dites, est-ce que vous ne trouvez pas ça accablant ?» J'avais un enfant qui pleurnichait à ma droite et un autre qui gémissait à ma gauche. Ils avaient faim et ils étaient fatigués. J'étais en train de mixer leur soupe. C'était assez surréaliste.. J'ai répondu à cette dame : «Ecoutez, je suis à peine célèbre, je n'ai pas encore d'avis sur tout...» Je crois que c'est la chose la plus sensée que j'aie jamais dite à un journaliste. Non seulement je n'ai pas d'idée sur tout, mais pire encore, je n'ai d'avis sur rien. Les gens qui ont des avis me fatiguent. J'aime les gens qui racontent. Donc, quand Libération m'a proposé de rebondir sur une semaine d'actualité, j'ai émis quelques doutes. Premièrement, je me connais bien et je sais que je ne suis pas «qualifiée» pour commenter quoi que ce soit (les deux sujets que je maîtrise à peu près, ce sont les livres et les enfants, manque de chance, ce sont deux sujets tout à fait impossible à maîtriser !), deuxièmement, je suis peu connectée à l'actualité. Je n'ai pas vu la télévision depuis des années, je lis peu les journaux et j'écoute à peine la radio. C'est mal je suppose. Je sens bien que je dois m'en excuser. J'ai dit tout ça à