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Libération
Critique

L'Allemagne après le purgatoire

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publié le 18 septembre 2000 à 4h26

Le démon est-il allemand?

de Michel Meyer, Editions Grasset, 416 p., 145 F.

Journaliste, Michel Meyer a fait de l'Allemagne son terrain d'exercice professionnel avant de diriger aujourd'hui RFO Guadeloupe. Ce livre, qui témoigne que ses tropismes germanistes ne l'ont pas quitté sous les tropiques, est beaucoup plus qu'un recueil de choses vues et mémorables et pas non plus un essai historique, un de plus, sur le destin allemand. Disons qu'il emprunte à ces deux genres au gré de son humeur.

D'être né en Alsace donne à Michel Meyer un curieux mélange d'empathie et de distance avec son sujet. Avec l'âge et devant le cours nouveau de l'Allemagne depuis la réunification, on sent que tout de même Michel Meyer penche vers le second terme de l'équation. Le mot de «méfiance» revient à plusieurs reprises sous sa plume. Par exemple au moyen de cette anecdote rapportée par Willy Brandt : «Le président Mitterrand me posa un jour une question surprenante: au fond, la réunification ne restait-elle pas la principale préoccupation des Allemands? Je mis les choses au point de bonne foi, lui administrant en quelque sorte un tranquillisant. Je dis que ce n'était pas la question nationale, mais l'écologie qui préoccupait les Allemands. Il réagit en estimant que c'était vraiment typique de ce "romantisme à l'allemande". Une incompréhension totale.»...

La connaissance qu'il a de l'Allemagne épargne à Meyer cette incompréhension, mais on le sent en quelque sorte porté, par le savoir même qu'il en a, à