Depuis 1848, date de la première élection du président de la République au suffrage (presque) universel, la France a connu des chefs d'Etat tout-puissants ou ligotés, arbitres ou acteurs, et ne semble pas encore avoir fait sa religion définitive sur le profil du poste. Le quinquennat vient à point pour souligner qu'encore une fois «un président peut en cacher un autre», comme le dit le titre du livre de Dominique Chagnollaud, lequel nous avertit cependant qu'on est engagé sur une mauvaise pente avec cette réforme qui porte en elle le risque d'une «monopolisation» sans précédent du pouvoir par un seul homme.
Juriste et politologue, l'auteur met en perspective la question du pouvoir présidentiel en France en retraçant l'histoire d'un conflit jamais résolu durablement dans notre pays entre la légitimité du Parlement et celle de l'exécutif. On sait que la Ve République a vu les institutions pencher furieusement vers la présidentialisation avec la réforme de 1962, ce qui pour Dominique Chagnollaud conduit au «Roi-Soleil», du moins dans les périodes où la majorité législative lui est acquise. Mais une telle dérive a été, selon lui, utilement «tempérée» par l'usage du référendum qui permettait de vérifier, en cours de mandat, la confiance populaire dans le Président mais, plus encore, par des législatives intermédiaires qui peuvent, à l'occasion, entraîner des régimes de cohabitation.
Reste que le sens du référendum s'est un peu perverti par un usage politicien et que si la cohabitat