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Libération

Petit coup de blues

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publié le 22 septembre 2000 à 4h36

On en serait donc arrivés à ce point-là, où l'actualité prendrait la forme d'une vieille chaussette. Pas toute l'actualité, bien sûr. Il reste du gros, du sérieux, du brutal ­ du référendum (des élections chez Milosevic, aussi), du drame sportif (le suicide de Marie-José Pérec), du sport dramatique (la mise à mort de Marie-José Perec) et le prix de l'essence toujours. Mais d'où vient que, rapport qualité-prix, rien n'égala, cette semaine, un trou dans la chaussette de Jean-Marie Messier? D'une photo unique dans un magazine de peu de crédit, des exégètes glosèrent énormément. Comme l'innocence publicitaire n'existe pas, comme Messier lui-même est tout sauf innocent, et qu'il ne s'agit en l'occurrence que d'une image pour la promotion d'un livre publicitaire, on devrait s'abstenir ici d'ajouter du bruit vain à du bruit vain: le doigt de pied (promu «orteil» dans les gazettes) de Messier ne surprend pas plus que la forme d'un paquet de cigarettes dans la poche d'un Philippe Seguin posé et posant ­ c'était dans le même titre ­ sur une bicyclette pour les besoins d'une campagne électorale. A ceci près, bien sûr, que ce doigt de pied est d'un homme riche, d'un décideur et d'un puissant, en gros et en détail, en stock et en options. Alors, on y mord, forcément...

Est-ce qu'il y a de l'audace, dans l'exhibitionnisme obscène de Messier? Du cynisme, dans sa misérable singerie? De l'inconscience, dans son accrochage rigolard d'un petit morceau de RMIsme sur le tweed de son intimité domi