Je déteste lesJeux olympiques. J'étais fermement décidée à n'en garder aucune image, boycottant ma télé, que je n'ai d'ailleurs plus le temps de regarder. Peut-être l'affaire Pérec m'a-t-elle sortie de ma torpeur. Madame Pérec, vous avez eu raison de vous défiler. Vous n'aviez pas envie, vous ne vous sentiez pas bien. Vous êtes partie trouver refuge en des lieux moins exposés mais un peu plus humains, sans doute. Voilà un geste qui me semble assez sportif (un peu trop sportif à l'escale de Singapour...). Infidèle à mes engagements, j'ai malgré tout craqué hier matin, pour voir gagner oh, surprise Marion Jones et Maurice Greene aux 100 mètres, dames et messieurs. J'ai un peu honte du gros plan qui m'a finalement fait remarquer les minuscules imperfections du superbe visage de Marion Jones, bizarrement carrossée comme Superman-Maurice. Bravo aux réalisateurs de France 2 et de France 3 pour ce ralenti parallèle: l'homme, la femme, qui souligne (malicieusement?) le manque de différences entre ces deux fuseaux de muscles brûlant leur souffle pour dix secondes et quelques brindilles. Je déteste les Jeux olympiques, parce que je ne sais plus ce qui habite ces corps, ces têtes, je ne reconnais plus leurs formes et j'ai du mal à partager leurs émotions. Je me suis fatiguée de ces courses à l'image, à l'argent, bardées de produits et de sponsors, moi qui, jadis, bloquais naïvement mes après-midi pour ces 100 mètres, pour la GRS, et mes soirées pour relire les Chevaliers du stade,
La haine des JO
Article réservé aux abonnés
par
publié le 28 septembre 2000 à 4h48
Dans la même rubrique
TRIBUNE