Vous rappelez-vous du commandant Massoud? Encerclé par des taliban débiles, il offre à l'Occident sa bonne conscience. L'idée que quelqu'un résiste quand même un peu aux méchants barbus, aux paranoïaques étudiants islamiques. Il ne sert pas a grand-chose, si ce n'est à semer quelques limailles de fer sur les hauteurs de son djebel, à faire fuir une armée de gueux avec des trublions et des troufions rouillés, à faire donner l'artillerie sur ses vieux démons. Vingt ans de lutte, des mois entiers à se terrer, à sortir de l'ombre, à y rentrer, à voir pleurer ses veuves, à voir disparaître ses lieutenants les uns après les autres, à sentir son royaume involontaire dérober sous lui, à charger encore sa carabine pour rentrer dans le lard de ces enculés de taliban, comme le poilu de Verdun s'avance sur le champ de bataille, où les trous à lapin étaient légion pour leur mettre la pâtée à ces putains de Boches... Quand Massoud rentre chez lui le soir, peut-être croise-t-il le regard atone de sa femme, l'air morne de ses enfants, assez blasés de le voir encore debout, lui qui oeuvre dans le monde des morts sans s'y soumettre complètement. Un jour, peut-être, il se couchera enfin et verra sa montagne sans herbe, sans arbres, sans hommes, sans ciel, sans batailles. Un jour, sans doute, il rendra les armes, l'oeil humide et vide, et se rendra sans remords à une vie de soumission, à un ennemi inique qui ne l'aura pas vaincu mais usé. Avant de se figer en une posture éternelle, sa barbe cla
Que devient Massoud?
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publié le 28 septembre 2000 à 4h48
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