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Libération
TRIBUNE

Non à l'embargo, non au tyran

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par François LONCLE
publié le 29 septembre 2000 à 4h52

Les initiatives se multiplient pour briser l'embargo qui accable l'Irak depuis dix ans. En août, le président vénézuélien Hugo Chavez a été le premier chef d'Etat à effectuer une visite à Bagdad depuis la fin de le guerre du Golfe. A son tour, son homologue indonésien Wahid a annoncé sa prochaine venue en Irak. Une délégation russe conduite par un vice-ministre s'est posée sur l'aéroport de Bagdad qui venait de rouvrir. La Turquie envisage, elle, d'établir une liaison ferroviaire avec son voisin méridional. Enfin, quatre associations françaises, soutenues par des personnalités issues de divers horizons professionnels et politiques, affrètent ce vendredi un avion reliant Paris à Bagdad, dans le but de «violer légalement l'embargo aérien sur l'Irak» (lire aussi page 10).

Il faut en effet suspendre les sanctions contre l'Irak. Elles sont «cruelles, inefficaces et dangereuses», comme l'a réaffirmé Hubert Védrine dans un récent entretien au journal arabe Al-Hayat. Cruelles, parce qu'elles affectent surtout le peuple. Inefficaces, parce qu'elles n'infléchissent pas la position de Saddam Hussein. Dangereuses, parce qu'elles désespèrent toute une jeunesse, «génération perdue» selon un diplomate occidental. Après une décennie d'embargo draconien, l'Irak est isolé, brisé, anémié. Pour un pays qui, avant la guerre, importait près des trois quarts de ses moyens de subsistance, les sanctions ont eu un effet dévastateur. Des pénuries alimentaires et de médicaments ont fortement pénalisé le