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Libération
TRIBUNE

Il faut changer le statut de l'AFP

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Soumise au contrôle du gouvernement et de la presse, la troisième agence de presse mondiale est freinée dans ses projets de développement, notamment sur Internet.
publié le 4 octobre 2000 à 5h03
(mis à jour le 4 octobre 2000 à 5h03)

Elu à la présidence de l'Agence France Presse pour trois ans, Eric Giuily n'aura tenu qu'une année et demie à la tête de la troisième agence de presse mondiale. En remettant sa démission la semaine dernière, il a mis fin à dix-huit mois d'affrontements avec l'Etat, les patrons de presse, la Société des journalistes, les syndicats et une partie des salariés. Certes, l'homme a multiplié comme à plaisir bourdes et provocations. Sa volonté de faire entrer des entreprises privées dans le capital de l'agence pouvait susciter de légitimes inquiétudes. Sa façon de se comporter comme un bulldozer dans un magasin de porcelaine ne pouvait manquer d'entraîner des dégâts collatéraux. Mais, sur le fond, cet échec n'est pas seulement le sien. Le statut biscornu de l'AFP y est aussi pour beaucoup. Il constitue aujourd'hui un obstacle à la pérennité de l'AFP en tant qu'agence mondiale indépendante.

Choisi par le gouvernement Jospin, Giuily avait pour mission de faire prendre à l'AFP le tournant de l'Internet. La révolution technologique en cours bouleverse le métier de base de ces grossistes en informations que sont les agences de presse. D'un côté, le web transforme tous les médias (journaux, magazines, radios, télés) en agences potentielles, grâce à leurs sites actualisés en continu. On en a vu un exemple avec les révélations de l'Express sur l'affaire Méry. Il y a quelques années, l'hebdomadaire aurait dû attendre son jour de publication, le jeudi, pour livrer son scoop. En priant pour que