Samedi soir, 20 h 00. Je suis chez moi. Je discute avec la personne que j'aime tout en regardant le début du journal télévisé sur l'A2. Pour s'informer. Comme tout le monde. Et puis d'un seul coup, sans autre avertissement, au détour d'un reportage sur une horrible guerre civile qui n'en finit pas, il y a ces images: un homme accroupi contre un mur, tentant comme il peut de protéger un enfant des balles ennemies. Quels ennemis? Quel lieu? Qui sont-ils? On n'en sait rien, on ne sait plus. Ce n'est pas ça l'important. Ce qui compte, c'est ce qu'on voit, ce qu'on nous montre. L'horreur à l'état pur avec gros plans et commentaires. Qui pouvait faire mieux?
Alors, chez moi, on ne parle plus, on reste sans voix, on écarquille les yeux parce qu'on n'y croit pas. L'enfant vient de mourir, l'homme reste là, pantin chancelant, secoué de hoquets bizarres et la voix off de nous expliquer, avec une précision toute médicale, que l'homme est mortellement touché... C'est quoi le message? J'ai raté quelque chose, je ne comprends plus. Je n'ai même pas retenu qui étaient les salauds qui tiraient. Qu'est-ce qu'on a voulu nous dire de plus? Que la guerre, c'est dégueulasse? Mais ça, on l'avait compris, non?
Dites-moi qu'on n'est pas devenus aussi cons pour être obligés de voir ces images pour le comprendre?! Il doit y avoir quelque chose d'autre qui m'échappe. Mais quoi?! Alors, j'entends ces voix qui me disent: qu'est-ce qu'elle nous veut celle-là? Qu'est-ce qu'elle nous fait comme cinéma? Mais