En ce début d'automne, un opuscule remarquable à plus d'un titre a commencé à circuler en Europe, auquel les responsable français feraient bien de prêter attention. Il s'agit d'un travail de prospective de Charles Grant, intitulé «L'Union européenne en 2010: une vision optimiste de l'avenir». L'identité de l'auteur appelle en soi l'attention. M. Grant est un ancien journaliste, qui dirige depuis quelques années un think-tank britannique, le Centre for European Reform, productif mais disposant de fort peu de moyens. Il s'agit d'un individu que l'on qualifierait d'«irresponsable» dans le contexte français, ne disposant ni du pouvoir de l'Etat, ni de la puissance de l'argent. Alors pourquoi le prendre au sérieux? Charles Grant a été une des sources d'inspiration du lancement d'une politique de défense européenne par le gouvernement Blair à partir de 1998. Et la rumeur londonienne veut qu'il soit, avec un autre intellectuel, Timothy Garton Ash, l'un des rédacteurs du discours «européen» que prononcera Tony Blair à Varsovie ce vendredi. Donc, ne nous trompons pas sur la marchandise, même si les «lieux de pouvoir» n'attachent pas trop d'importance à ce qui n'est pas directement issu d'un autre lieu de pouvoir. Ensuite, M. Grant est un européen convaincu pour qui les progrès de l'Union européenne sont l'avenir du Royaume-Uni. De surcroît, il ne nourrit aucune animosité à l'égard de la France, bien au contraire.
Citons quelques extraits de ce qu'a écrit M. Grant sur l'Europe en 2010: