De tout ce sang qui coule cette semaine dans les territoires palestiniens occupés, celui des gosses marquera pour longtemps, et au moins autant que celui de Sabra et Chatila, la personne d'Ariel Sharon. Ce sang-là est indélébile. On le savait, on le vérifie tous les jours. Samedi, les écrans de France 2 nous avaient donné à voir la mort «en direct» de Mohamed Jamal al-Dourra, à Netzarim, dans la bande de Gaza; mort visuelle, et terriblement dérangeante en ce qu'elle faisait quasi physiquement ressentir au téléspectateur l'impact de cette balle dans cet abdomen. Jeudi, un autre gamin palestinien est tombé sous une autre balle dans la même colonie juive de Netzarim, et cette victime-là aussi comptera: en place d'une caméra, un micro de Radio France internationale l'a enregistrée, également «en direct» audio, cette fois pour en faire un autre «martyr» que, déjà, le bilan de la journée établi par l'AFP semble avoir identifié comme Mohamed Youssef Abou As (douze ans).
Et de même que France 2 nous avait touché à l'oeil, RFI nous touche à l'oreille; Gilles Perez, qui tenait le micro, rapporte que le projectile a «littéralement traversé, transpercé le corps», en précisant, détail terrifiant, qu'il fut conçu pour venir à bout du blindage d'un char.
Et de même que France 2 nous laissait deviner un hors champ de la mort dans une fusillade dont on ne voyait pas l'origine, RFI nous décrit le théâtre de cette tragique opération de guerre: un hangar, un trou dans un mur, un transformateu