La Côte-d'Ivoire offre à l'heure actuelle le visage d'un pays au bord de l'implosion, avec des risques incalculables, non seulement pour elle-même mais aussi pour l'ensemble de la sous-région.

Une économie exsangue, des finances précaires, des libertés publiques de plus en plus écrasées par le jeu des milices qui ont pignon sur rue comme naguère à Brazzaville, un calendrier électoral mal ficelé, une élection présidentielle compromise et de fait transformée en plébiscite ethnique, une réforme constitutionnelle inadaptée, car se réduisant en réalité à la question de l'éligibilité ou non d'un candidat potentiel, des manifestations orientées contre des prétendues ingérences extérieures, des actions xénophobes à l'encontre des ressortissants de la sous-région (Burkinabè, Maliens, Sénégalais...). Tout cela fait régner dans cet Etat qui fut anciennement une vitrine de stabilité et de tolérance en Afrique francophone, une atmosphère malsaine, délétère. Son voisin immédiat à l'ouest, la Guinée, se trouve dans un état presque identique, comme le montre malheureusement la parodie de justice qu'a subie le candidat à la présidentielle de 1998 (l'opposant Alpha Condé, qui a été condamné à cinq ans de prison et est exclu de ce fait de toute candidature politique ultérieure). On peut y ajouter les affrontements opposant l'armée guinéenne à des assaillants mystérieux venus du Liberia ­ dont la crise perdure et s'est ramifiée en Sierra Leone. Une chaîne conflictuelle sous-régionale est ainsi e