Le relèvement des taux d'intérêt directeurs par la BCE, le 5 octobre, s'inscrit dans une longue série de surprises. Une large majorité anticipait une devise forte et certains redoutaient que la croissance en soit ralentie. Depuis janvier 1999, l'euro s'est déprécié d'un quart et la plupart des économies européennes ont retrouvé le chemin de la croissance, certaines approchent même le plein-emploi. Clairement, l'introduction de l'euro conduit à un système nouveau.
La BCE pensait avoir assuré sa prééminence par rapport aux ministres des Finances, mais ses responsables avaient oublié que la communauté financière internationale avait ses propres vues sur la conduite de la politique monétaire européenne et des politiques nationales, et plus encore les moyens de marquer son jugement par la formation des taux d'intérêt et du taux de change. La libéralisation complète des mouvements de capitaux fait de la valeur externe de l'euro une pure variable de marché.
L'adoption par les Traités européens d'une conception fondamentaliste du rôle de la Banque centrale, garante de la seule stabilité monétaire, n'a pas rencontré les mêmes comportements qui avaient fait le succès de la Bundesbank. Les onze, et bientôt douze, ministres des Finances ont à répondre à des conjonctures nationales diverses. Dès lors, les marchés financiers ont perçu des signaux souvent confus, parfois contradictoires.
Alors qu'Alan Greenspan s'est fait l'interprète d'une politique monétaire à l'heure des technologies de l'