Le Débat, 20 ans.
N0 °110 (mai-août 2000) et N0 °111 (septembre-octobre 2000), 92 francs chaque numéro. Editions Gallimard.
Avoir 20 ans en l'an 2000 vaut bien une célébration. La revue Le Débat (proche de la défunte Fondation Saint-Simon) fête son anniversaire avec deux numéros spéciaux, l'un paru au début de l'été, l'autre ces jours-ci. Ce dernier se compose d'une chronologie politique et surtout intellectuelle de la dernière décennie, entrecoupée de commentaires (dont une charge de Marcel Gauchet contre les nouveaux radicaux, chez qui il détecte ironiquement «les voies secrètes de la société libérale»).
En prime, Le Débat a édité un index (auteurs et matières) de tous les articles publiés en vingt ans (1). A le feuilleter, et devant tant de gens si intelligents ayant abordé avec tellement de sagacité des sujets aussi variés, on se sent, pauvre roseau pensant, pris de vertige.
On n'en est que plus étonné de découvrir, en ouverture de la première de ces livraisons anniversaires, un tir groupé d'interrogations dubitatives sur l'actuelle fonction intellectuelle. Qu'on regarde seulement les titres des articles qui composent ce lever de rideau. Après l'exergue du directeur, Pierre Nora, intitulé Adieu aux intellectuels?, suivent entre autres A quoi servent (encore) les intellectuels? (Michel Winnock), Impressions, soleil couchant? (Jean-François Sirinelli), et Un empire sans empereur (Jean-Claude Guillebaud). Qu'une revue comme Le Débat, dont l'existence même est la preuve d'une ré