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Libération
TRIBUNE

Hypocrisies françaises sur l'Europe

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publié le 11 octobre 2000 à 5h16

La France a-t-elle une politique européenne? Et, si oui, laquelle? Partage-t-elle la vision fédéraliste défendue par Joschka Fischer, le chef de la diplomatie allemande, ou préfère-t-elle l'approche «intergouvernementale» prônée par Tony Blair, le Premier ministre britannique? La réponse est tout sauf évidente: il n'est pas aisé de discerner les objectifs, la ligne de conduite et, pour tout dire, le dessein que la France poursuit en Europe. Lionel Jospin tout comme les membres de son gouvernement se sont abstenus depuis trois ans d'expliquer quel type d'Union ils voulaient. Jacques Chirac, lui, a plaidé pour davantage d'intégration européenne en juin dernier, devant le Bundestag, mais en restant assez général sur l'architecture qu'il appelle de ses voeux, afin de ne fâcher personne, si ce n'est une poignée de souverainistes.

Ce brouillard entourant la politique européenne de la France est pour le moins fâcheux. D'une part, parce qu'aucun progrès ne peut se faire en Europe sans la France, et sans l'Allemagne, bien sûr. D'autre part, parce que l'Hexagone préside l'Union à un moment important de son histoire: d'ici à la fin de l'année, les Quinze se sont en effet engagés à réformer les institutions communautaires, afin de les rendre aptes à supporter l'élargissement à l'Est. Un échec ou un traité «au rabais», pour reprendre l'expression de Jacques Chirac, risqueraient, au mieux, de retarder l'adhésion des pays de l'Est, au pire, de bloquer progressivement la mécanique communauta