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Libération
TRIBUNE

Pour la vérité sur octobre 1961

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publié le 17 octobre 2000 à 5h28

Il y aura dix-neuf ans aujourd'hui que les «unités spéciales» de la police parisienne, placées sous la responsabilité directe du préfet de police Maurice Papon, lui-même appliquant les instructions du ministre de l'Intérieur Roger Frey, exécutèrent le massacre d'Algériens encadrés par le FLN qui protestaient contre le couvre-feu, faisant d'eux une population suspecte. Le nombre des victimes de ce massacre sur ordre (généralement désigné aujourd'hui par les termes de «ratonnade» ou de «pogrom») est controversé. Cela tient à ce que les archives qui permettraient de l'établir sont toujours inaccessibles aux chercheurs indépendants (en dépit des promesses faites par le gouvernement après la déposition de l'historien Jean-Luc Einaudi au procès Papon). Il est ainsi impossible de vérifier les chiffres avancés par les commissions officielles de 1999 (sans doute sous-estimés, mais de toute façon incommensurables avec ce que, en son temps, le gouvernement avait admis) et d'établir avec précision les dimensions du massacre et les conditions de son organisation. Il s'agit là de l'un des secrets honteux que tente de préserver l'Etat français, avec la complicité des différentes forces politiques qui en ont partagé la direction depuis vingt ans.

L'anniversaire d'octobre 1961 est marqué, entre autres, par des publications (au premier rang, la réédition du livre de Paulette Péju: Ratonnades à Paris, avec une préface de Pierre Vidal-Naquet et une postface de François Maspero) et par l'initiati