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Libération
TRIBUNE

Au nom de la République, au nom d'Abraham

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par Zaïr KEDADOUCHE, Alain MAMOU-MANI et Jean-Eric SCHOETTL
publié le 18 octobre 2000 à 5h32

A l'heure où la Bête de l'Apocalypse se déchaîne au Proche-Orient et risque de distiller ses venins jusque dans notre pays de France, cher à nos trois coeurs de métèques, à l'heure ignoble où, dans nos banlieues, brûlent des sanctuaires et s'installe la peur à la sortie des écoles, nous, soussignés, crions «halte-là» à la haine. Nous ne présumons pas de la force de ce cri: mais ce cri, nous ne pouvons le retenir. Nous le crions à l'unisson: trois voix de citoyens français, frères dans la République; trois voix de fils du Livre, puisque chacun d'entre nous a été abreuvé à l'une ou à l'autre des traditions issues de l'antique source abrahamique: la juive, la chrétienne et la musulmane. Et ces trois cris disent deux fois «no pasaras» à la haine: une fois au nom de la République; une autre au nom d'Abraham. Il n'y a pas de place dans la République pour les affrontements intercommunautaires, ni d'ailleurs pour les comptes et décomptes identitaires, quotas, discriminations positives ou négatives, virulents ou doucereux précurseurs de la dissolution du lien civique. La citoyenneté est ce qui nous rassemble et non ce qui nous sépare. La Nation ne doit voir en nous que des personnes, mues par leur libre arbitre, adhérant aux mêmes valeurs et respectant la même loi. Nous ne voulons pas être des membres interchangeables de tribus non miscibles aux intérêts inconciliables.

Nous, le juif, le chrétien et le musulman, viscéralement attachés à la laïcité, chérissons nos traditions respective