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Libération

Emotion et propagande

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publié le 19 octobre 2000 à 5h33

De l'actuel épisode inédit du conflit qui se déroule là-bas ne nous parvient ici que l'écho passionnel et déformé, insupportablement confessionnel. On le mesure tous les jours à l'aune de la psychose qui monte, paraît-il, dans «la communauté juive» (mais pas seulement), au rythme de ce qu'il est convenu d'appeler «incidents», «actes» ou «attentats antisémites» (les mots d'ici sont indexés sur le nombre de morts là-bas). Dans des banlieues le plus souvent misérables, le processus d'assimilation aux «frères» palestiniens amène donc des jeunes se percevant comme «arabes» à mimer ici ce qui se passe là-bas; et à s'en prendre à des symboles de la judéité comme ils s'en prennent, en temps plus ordinaires, aux symboles d'un ordre français qui ne les assimile pas. Ainsi les cocktails Molotov qui noircissent ponctuellement des façades de commissariat, aux soirs de bavure, noircissent-ils les murs de synagogues. Alors, en un pays où «antisémitisme» renvoie d'abord au projet nazi d'extermination des juifs, l'émotion balaie tout. Parfois légitimement, parfois pas.

Où l'on resonge à la vidéo de Netzarim, et à la mort de Mohammed... Pour faire pièce à l'émotion que celle-ci suscita, le leader de la droite israélienne Netanyahou, en visite à Paris lundi, y opposa un argument en béton armé sentimental: «C'est une tactique délibérée de la dictature palestinienne, affirmait-il, d'envoyer des enfants se faire tuer devant les caméras.» Le propos, en ne contestant pas la qualité de victimes desdi