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Libération

L'amour ne se couche que sur papier

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publié le 20 octobre 2000 à 5h35
(mis à jour le 20 octobre 2000 à 5h35)

Jeudi 12 octobre paraissait un article dans Libération, écrit par Gonzague Saint Bris. Cet avis enjoué avait pour titre: «La mutation du cybertexte». En tant que petit écrivain, je me permets tout d'abord la remarque suivante: une phrase est différente selon qu'elle est écrite à la main avec de l'encre, sur du papier ou directement sur un ordinateur; question de rythme. Ainsi, le cybertexte va façonner, et façonne sans doute déjà, une nouvelle littérature. Les brouillons n'existent plus, parce qu'ils s'effacent au fur et à mesure de l'élaboration de l'écrit. En plus, je prétends que le toucher à un grand rôle dans l'écriture. Le bruit de la plume sur le papier et le frottement du papier... L'écriture se désensualise et le résultat s'en ressent évidement. Pour ce qui est de la lecture, je vous en supplie, pensez, monsieur Saint Bris, à nos pauvres yeux, et aux métros et aux cafés et aux jardins publics. Je n'y emmènerais pas mon PC, aussi portable soit-il. La meilleure imprimante ne façonnera jamais un NRF vieux jaune ou un Pléiade au papier de bible. Les librairies électroniques n'ont pas d'odeur non plus. Je ne me promènerais jamais dans leurs rayons pour y frotter mes mains à quelques couvertures. Sans odeur non plus, les courriers électroniques, faciles. Si faciles qu'on écrit n'importe quoi, cent fois par jour. «La correspondance amoureuse a été galvanisée par la Toile»: de quelle correspondance parlez-vous, monsieur Saint Bris? N'ai-je plus le droit de voir les courbes