Pour tout vous dire, j'ai été un peu déçu... Une vente aux enchères façon yearlings à Deauville ou week-end chez Sotheby's, c'est toujours la perspective d'un spectacle pittoresque. La plèbe, en salivant, y observe avec profit comme nantis et profus gèrent leurs fortunes rondelettes ; c'est casino et jalousie, passions et frime à tous coups de marteau, c'est délicieux. Alors, une vente aux enchères, à Versailles, de bois historique et, qui plus est, pour la bonne cause écolo du reboisement du parc, pensez si c'était prometteur!
Du people en péristyle au Trianon, une touche de vieux pays incarnée par quelques négociants en troncs pour le commerce, tailleurs de pipes et sculpteurs de canifs pour l'artisanat, tailleurs tout court pour la modernité, fleur de lys gravés dans les fibres végétales et nos âmes émues à l'appel des lots enchéris: «tulipier de Virginie», «cèdre de l'Atlas de l'impératrice», «juniperus de l'enclos des chevreuils», «laricio du hameau de la reine», etc., sur lesquels l'établissement public du château conservera, après leur dispersion, un oeil jaloux. (Car il ferait beau voir que de la roture acquéreuse s'en aille, de ces bois patrimoniaux, faire en concurrence déloyale des morceaux de Vraie Croix montés en porte-clés.) Et tout ça pour quoi? 330 000 francs! Une trentaine de briques au total pour vingt-cinq pièces coupes, souches et troncs, tous estampillés monuments historiques, ou quasi , c'est donné. Tiens, à ce prix-là, si j'avais su, j'y serais moi-