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Libération
Critique

Dis, papa, c'est quoi la gauche?

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publié le 24 octobre 2000 à 5h43

«Papa, pourquoi on est de gauche?» Ex-soixante-huitard reconverti en sénateur fabiusien, Henri Weber a des filles formidables. En s'interrogeant sur le mode ingénu, Clémence (15 ans) et Inès (13 ans) posent une question salutaire. A leur père, d'abord, en soulignant qu'en ces matières aussi, on n'est jamais à l'abri des effets de filiation (après tout, la question peut s'entendre ainsi: «Papa, pourquoi on naît de gauche?»). Mais surtout, une question salutaire pour la gauche, au moment où le jospinisme de gouvernement tend parfois à singer le clivage gauche-droite plus qu'à le faire vivre.

Pour y répondre, Weber avance par approximations successives. La gauche est-elle le parti du mouvement contre le parti de l'ordre? Non, car il existe des réformes de droite. Est-elle le rassemblement des opprimés? Pas plus: «Si seuls les nantis et les privilégiés étaient de droite, la gauche serait éternellement au pouvoir.» Le camp de ceux qui croient en l'homme? On s'approcherait: de fait, pour la gauche, «les hommes seront d'autant moins enclins à faire le mal qu'ils auront moins soufferts de privations, d'humiliations, d'injustices». La cause de la démocratie? Oui, mais d'une démocratie sociale, avec des droits réels pour chacun.

Donc, la gauche, ce serait d'abord l'égalité. Et là commencent les difficultés. Car, parfois, «ce souci d'égalité restreint notre liberté». Egalité, liberté: Weber tourne autour de la contradiction. Prend ses précautions : «la gauche réformiste a rompu avec l'ég