Les derniers développements de la crise du Moyen-Orient ont montré un changement notable dans le traitement médiatique du conflit israélo-palestinien, ce qui a irrité de nombreuses associations pro-israéliennes, accusant la presse d'organiser des «pogroms médiatiques contre les juifs subissant depuis 2 000 ans l'injustice». Ce discours culpabilisant, qui a fait recette par le passé et à l'ombre duquel Israël a été créé, a perdu aujourd'hui de son efficacité, non en raison du changement d'attitude des médias mais plutôt en raison de l'évolution de la situation sur le terrain et de l'image que se fait désormais l'opinion des protagonistes du conflit, comme l'atteste le sondage récemment publié par Libération (le 16 octobre).
Tant que le conflit opposait militairement les armées arabes à Israël, l'opinion européenne était favorable à ce dernier, du fait qu'il apparaissait comme le petit David menacé par le géant Goliath. Mais, dès lors qu'Israël a été reconnu par ses voisins, à l'exception de la Syrie qui attend de récupérer le Golan pour le faire, le conflit apparaît sous un angle différent, dans lequel le petit David est palestinien, incarné par le jeune Mohamed assassiné en direct à la télévision par le géant Goliath, Israélien habillé en militaire et équipé d'engins de mort. Finalement, Sadate a rendu un mauvais service à Israël en le reconnaissant il y a vingt ans, car, à travers ce geste, il a réduit le conflit israélo-arabe à sa nature d'occupation coloniale de la Cisjord