«Jugez l'oeuvre, ne jugez pas l'artiste», supplie d'emblée par le truchement d'une citation d'Aristote Valéry Giscard d'Estaing. Entendu. L'ambition du nouveau livre de l'ancien président de la République n'est pas mince. Apparemment sensible au charme de l'épouse de l'ambassadeur d'Irlande en France, Giscard accepte de se rendre à Dublin, en 1997, pour y célébrer le bicentenaire de la mort d'Edmund Burke. De qui s'agit-il? «Je n'en avais pas la moindre idée» reconnaît honnêtement l'auteur. Il se plonge alors dans les célèbres Reflections on the Revolution in France de Burke. Le dernier souverain de «l'Ancien Régime» d'avant-1981 est immédiatement fasciné par le manifeste contre-révolutionnaire de cette grande figure intellectuelle du conservatisme britannique. Giscard souligne qu'il n'a pas été séduit par «l'exaltation» politique de l'auteur mais par son analyse des «raisons pour lesquelles la France n'a aucune chance de réussir une transformation raisonnable de sa société». Une impossibilité de la réforme qui demeure la «question centrale» pour le théoricien du «libéralisme avancé». Lui vient alors «l'envie irrésistible d'entreprendre une démarche parallèle à la sienne, avec deux siècles de retard».
Giscard est même tenté d'intituler son ouvrage «Reflections sur le déclin politique de la France», ce qui aurait été aussi chic que ridicule. Le résultat est un livre plutôt alerte mais qui ne bouleverse pas le genre très hexagonal des essais sur le «mal français». L'intérêt