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Libération

Ne pas lâcher le morceau

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publié le 25 octobre 2000 à 5h46

Il faudrait plus d'une colonne pour énumérer ici, tant elles sont multiples, les raisons de toute sorte et évidemment excellentes de ne pas réclamer trop fermement la comparution de Slobodan Milosevic devant le Tribunal pénal international de La Haye. Il faudrait que l'encore si fragile Vojislav Kostunica installe son pouvoir, que les tensions à Belgrade s'apaisent, que revienne la paix civile et se normalisent les relations entre les Républiques qui constituèrent la Fédération yougoslave. Le mot d'ordre serait: «Patience, ne jetons surtout pas d'huile sur ce feu», que redoublerait un impératif d'ordre moral assez répandu, selon lequel nous ne serions pas en droit, nous (mais qui est ce nous?) qui avons mis tant de temps à digérer certains épisodes de notre propre et douloureuse histoire ­ collaborationniste et colonialiste, notamment ­ d'exiger de la Serbie une si prompte repentance.

Cet argumentaire est bel et bon. L'entachent cependant ces ombres qui planent sur la «révolution» d'octobre, dont la reconstitution établit que des sbires de criminels de guerre, agioteurs et mafieux, l'ont au moins partiellement confisquée à l'opposition démocratique (on pense surtout à celle qu'impulsèrent les étudiants réunis dans le mouvement Otpor); toutes les hésitations ambigües du nouveau président, reçu dimanche en «république serbe» de Bosnie par l'épouse du boucher Karadzic, confortent le sentiment que se joue en coulisse une partie décisive. Est-ce la peur, la raison ou la simple hab