Pourquoi tenait-on tant aux aveux de Richard Virenque? Tout le monde savait qu'il s'était dopé. Ce n'était pas une affaire criminelle inexpliquée dans laquelle on eût souhaité qu'un participant lève le mystère. On n'attendait nul nouvel éclairage de ses déclarations, mais on était quand même énervé qu'il n'en fasse aucune dans le bon sens. Il a d'ailleurs suffi qu'il assume l'évidence pour qu'on lui en sache gré. On trouvait sa ligne de défense idiote, mais le tribunal n'est pas là pour juger de l'imbécillité des prévenus. L'expression des Guignols «à l'insu de mon plein gré» a ridiculisé Richard Virenque sans recours, comme si, implicitement, on ne lui reprochait pas tant de s'être dopé que de ne pas l'avouer. Mais cette religion de l'aveu n'est guère sympathique et cet implicite est suspect. Les moqueurs du vendredi se retrouveront peut-être les moqués du dimanche, et nous tous qui avons bien ri ne rirons pas forcément les derniers. Car ne serait-ce pas plutôt à l'insu de notre plein gré que se sont déroulés les événements du Tour de France 1998 et leurs conséquences?
L'affaire Festina-Richard Virenque remet au goût du jour un syllogisme de cour de récréation: tout ce qui est rare est cher; un cheval bon marché est rare; donc un cheval bon marché est cher. C'est une idée du sport comme oasis de pureté qui se joue à travers le dopage. Dans un monde contaminé par l'argent, on voudrait qu'un domaine au moins résiste au pouvoir des dollars. Le sport est parvenu à représenter ce